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chapitre 3 Lutinecinq au jour le jour où comment y perdre son Finlandais

Publié le par Ulisitaladu "tous droits réservés"

  1. Ou plutôt Lutinecinq les jours avec Sa Sainte Patronne sur le dos, parce qu’heureusement Sainte Rita dort beaucoup, se promène beaucoup et mange souvent, la pauvre ayant des crises d’hypoglycémie pour un oui ou pour un non.

  2. Très souvent pour un non .

  3. Surtout quand elle se sent coincée par des demandes illégitimes de ma part, à savoir mon planning pour la semaine par exemple, qu’elle préfère me communiquer le dimanche soir par téléphone, ou mieux, à une heure très matinale, les jours de congé.

    Quand Quiétus, mon fils, est en vacances, il apprécie vraiment, et ce d’autant plus que le téléphone est dans sa chambre !

    Ce peut être aussi totalement imprévu mais il est hors de question de dire non !

    Dire seulement :

    « Pourrais-tu patienter deux secondes s'il te plaît, que je demande à mon fils s'il avait prévu de se servir de la voiture »

    Et elle me raccroche au nez, difficile après ça de se recoucher avec un poids de culpabilité, d’inquiétude,d'incertitude, qui pèsera, quoi que je fasse, sur toute la journée.

    Quand on est sifflé on doit rappliquer de suite, c’est comme ça et pas autrement.

    Un planning n’est jamais acquis.

    « Planning » d’ailleurs, en vieux Finlandais, ça veut dire :

    « Quand le vent se lève le bateau prend la mer et s’il n’y a pas de vent l’équipage doit rester prêt sur le quai. Et ce n’est pas dans un pays où une journée peut durer très longtemps qu’on va se mettre à consulter son agenda, encore moins l’heure, non mais ça va pas ? On n’est pas en Suisse ici !».

    Toujours en vieux Finlandais, le mot employeur signifie :

    « Quelqu’un qui ne peut tenir compte ni de la famille, ni de la vie sociale et encore moins de la santé de ses employés, il ne faudrait tout de même pas confondre avec chômeur « celui qui voudrait rester au chaud ») et dans employé vous avez le mot « ployé ». Donc : employeur : « qui fait ployer ses employés » si c’est pas de la logique imparable ça !

    Ainsi, quand Madame ne promène pas sur les remparts d’Helsinki (c’est Varsovie dans la chanson de Brel mais ça fait loin non ?), eh bien on l’a sur le paletot (de marin…).

    Au jour le jour, allez hop, dans le vif du sujet.

    Tenez : un mercredi d'automne.

    J’ouvre, normalement, la porte de l’infirmerie. C’est assez innommable comme odeur, comme vue aussi.

    Il y a là quelques quatorze dragons, dont un dragon tigré qui a un cancer et une diarrhée spectaculaire, sept ou huit petits dragonneaux, deux mamans, un dragon noir adulte et une petite dragonne enceinte.

    Et je découvre un nouveau dragon dont j’ignorais la présence, sans doute arrivé en urgence la veille. Il est manifestement blessé et dès qu’il me voit il grimpe au grillage qui délimite et clôt un espace extérieur où les dragons de l’infirmerie peuvent prendre le soleil. Il crache, il gronde, il panique et se sent acculé : donc potentiellement dangereux. J’ai un coup de stress et mesure le risque, pour moi ,comme pour les petits dragonneaux.

    Pensant qu’il serait préférable de faire sortir quelques animaux de cet espace trop étroit, j’aperçois qu’il y a aussi T F, un dragon noir. Quinze, ça fait vraiment beaucoup, alors j’appelle Sainte Rita pour savoir qui je peux remettre dans l’enclos. Je viens de la voir passer, elle est donc à portée de voix mais elle ne répond pas.

    Je sors avec précaution pour que le dragon paniqué ne me saute pas au visage et vais voir Lutinune qui nettoie l'enclos, pour lui demander conseil.

    Au passage je prends une cigarette et quelques gouttes de Fleurs de Bach parce que je tremble, j’ai eu peur, je me suis sentie en danger.

    Là, bien sûr, Sainte Rita surgit tel un taureau furieux dans l'arène.

    Elle a repéré sans doute le signal de fumée, ce qu 'elle traduit par « une lutine qui fume est une lutine que j'importune ! »

    Elle ne supporte pas qu’on parle entre employés, nous l’interdit même carrément. Ce qui est aberrant car il est indispensable d’échanger des infos au sujet des animaux, d’autant plus que Lutinune est là depuis plus longtemps, bien plus longtemps que moi, qu’elle les connaît bien, les soigne avec compétence, une douceur infinie et un sang-froid précieux quand les choses risquent de mal tourner .

    C’est que ça n’a rien d’un lapin un dragon, ça a des griffes redoutables, des crocs acérés et des réactions parfois imprévisibles. J’en sais quelque chose, j’ai été mordue récemment à l’infirmerie par un petit dragonneau sauvage et j’en garde un cuisant souvenir !

    Encore bouleversée, je lui explique ce qu’il se passe .

    Ste Rita :  

    -"J’en ai assez des employés et de leurs divers stress. Tu me fais perdre mon temps et d’ailleurs   tu as vu l’heure, t’en es seulement à l’infirmerie, qu’est-ce que tu as bien pu faire avant !
  4. Lutinecinq :

  5. -"Je suis arrivée 20 minutes avant l’heure, donc j’ai ouvert aux médhaures, ouvert et contrôlé tous les chalets, nourri les rennes et les caprines, nettoyé et rempli les bassines d’eau des médhaures Félé et Grimouille (dans un autre enclos), rentré Yogi, vidé et changé les litières à l’infirmerie, fait tremper les traces de diarrhée (et j’en oublie sans doute) avant que le dragon blessé ait ce comportement inquiétant.

    Ste Rita :

  6. -"Mais tu ne devais pas t’occuper des médhaures, ni des rennes, tu dois respecter le planning !!!

  7. Je ne ne pouvais pas deviner que Lutinune devait venir aujourd’hui. »

  8. Ça fait 3 mois que Lutinune travaille ailleurs, dans un autre enclos, et que je remplis habituellement seule les tâches, généralement dans le même ordre parce que je n’ai que cinq heures pour tout faire, ayant été dûment avertie que les heures supplémentaires ne me seraient pas payées.

    Donc, après le ménage à l’infirmerie, j’ai encore quatre chalets à nettoyer, plus, selon les jours, une heure pour laver, essuyer et ranger la vaisselle, sans oublier la tâche principale, nourrir et abreuver tout ce petit monde et les câliner. D’ailleurs ils profitent de tous mes gestes et suivent avec intérêt mes allées et venues et « m’aident » pour la vaisselle, profitant d’un bisou au passage.

    Je chantais beaucoup, ils semblaient apprécier. Quel pouvait bien être leur « hit parade »? Voir annexe sinon on n’est pas rendu !Bon, rappelez-moi de faire un annexe...

     

    Toujours ce mercredi d'automne...

    Il manque de produits d’entretien, en fait il ne reste pas grand-chose.

    Bien sûr c’est de ma faute, je suis censée la prévenir : ça a été fait, je le lui ai signalé, je l’ai noté sur un tableau bien à temps mais rien n’a suivi. Je note aussi les soins à effectuer, les animaux à surveiller, les bricoles à réparer, les stérilisations à prévoir, l’état des stocks (nourriture, litières, etc), sans plus de résultat.

    Platon, un dragon noir et blanc, est malade depuis plus d’une semaine. Dans un état préoccupant, il est prostré dans un chalet. Je vais chercher Ste Rita

    «  - Pas le temps ! Est-ce qu’il est agonisant ? »

    (Je n’ose même pas imaginer sa réaction si on en était arrivé à ce point !) En tout cas, ça fait plusieurs jours que j’ai signalé par écrit sur le fameux tableau où l’on doit tout noter que ce dragon était mal.

    Excédée par mon obstination, elle regarde enfin Platon… et l’emmène en urgence à l’infirmerie pour une injection.

    Elle a vu un petit dragon lécher la mousse du produit détergent mis pour détremper les traces et taches à nettoyer sur le plancher ; et même si c’est évident de procéder ainsi, et même si c’est elle qui nous a conseillé de faire ainsi, elle trouve encore une raison de râler.

    J’ai noté, encore ce fameux mercredi, décidément je devais en avoir vraiment assez (j’ai mon cahier de ras-le-bol à la maison et il commence ce fichu mercredi)…

  9. La semaine dernière j’ai dû faire deux heures et plus de « rab » (pas payées) tellement il y avait de travail. Seule pour faire tout. Je ne sais pas à quoi elle a employé mes collègues ?

  10. Elle « oublie » tous les soirs de sortir les dragons qu’elle nourrit à l’infirmerie et qui devraient normalement ensuite passer le reste du temps en liberté : les vieux qui ont des problèmes de dents, les convalescents qui doivent bénéficier d’une alimentation plus riche mais qui, sinon, n’ont rien à faire à l’infirmerie qui est bien trop exiguë, avec des litières qui ne suffisent pas à leurs besoins. D’où un travail éprouvant le matin : litières qui débordent, pipis partout et crottes à « ravoir ». Sans oublier les bouillies vitaminées diverses et collantes, la viande hachée qu’elle n’hésite pas à donner sur le plancher (ou que les dragons renversent) voire sur les tissus, coussins, étagères etc.

  11. L’hiver ça gèle, ça colle, ça « glue », l’été ça attire les mouches et ça pue.

  12. Et je passe sur les boîtes, barquettes vidées à moitié, planquées dans les armoires, parmi les médicaments, parfois mélangées aux seringues usagées sur lesquelles on se pique les doigts… Crade. Décourageant.

  13. Même jour toujours, je mentionne que je ne sais jamais à l’avance quand je travaille. Souvent je le sais la veille pour le lendemain. Il ne faut avoir ni vie privée, ni rendez-vous à prendre, mais quelle idée hein ?! C’est un peu présomptueux de prétendre faire autre chose non ?. Et il est bien entendu que les jours de repos sont faits pour se reposer et qu’on n’a pas intérêt à arriver ensuite fatiguée .Pour toutes c’est : pas de copain, pas de sorties, pas de soirées tardives ou autre tâche fatigante ; même le jardinage est mal perçu…

  14. Noté encore : « Essentiel : je refuse d’être une nouvelle fois mordue ou griffée à l’infirmerie par sa négligence. »

  15. La veille, je n’avais eu droit qu’à des compliments. Alors ? Si ce n’est pas souffler le chaud et le froid ça !…

  16. J’ai dû acheter moi-même une serpillière « espagnole » parce que j’ai trop mal aux mains –arthrite- et au dos et qu’il y a une fuite, un problème de plomberie qui fait que l’on doit fermer le compteur d’eau et ne l’ouvrir que pour tirer de l’eau d’où = inondation inévitable à éponger à chaque fois et qu’on a du mal à se rincer suffisamment les mains ce qui entraîne des gerçures.

  17. La dite serpillière espagnole, elle l’a cassée et jetée parce qu’à l’époque elle était contre.

  18. En fait, elle est fâchée contre Lutinedeux et Lutinetrois, contre elle-même parce qu’elle n’est pas à jour dans son travail, dans les soins.

  19. Et je suis exténuée.

  20. En plus, il y a eu les caprines qui broutaient dans l’enclos des kannïnen et ce genre de choses l’agace prodigieusement.

  21. Et si ça ne suffisait pas, on se fait agresser par une dragonne ombrageuse qui a deux petits et se trouve dans la réserve à croquettes.

* Je sais, c'est un véritable pensum ce chapitre! Vous ai-je dit que je n'étais pas écrivain?

Bygull, chat de Freya

Bygull, chat de Freya

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