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Chapitre 2 Karoshi ? non, ce serait ballot si près du but!

Publié le par Ulisitaladu "tous droits réservés"

  1.  

    Pour une meilleure compréhension, il va falloir que je situe l’action et présente les protagonistes sans dévoiler rien qui pourrait permettre de savoir de quoi il s’agit et de qui je parle.

    Ça va être coton.

    Et je ne crois pas un instant que ce soit réaliste de ma part, et puis, dans le fond, on s’en fiche un peu puisque c’est partout pareil ou presque, et que tant de gens pourraient se reconnaître et me coller un procès pour diffamation.

    Imaginez que ça se passe en Finlande, c’est possible, et si je ne parle jamais du sauna c’est qu’il est en panne (de toute façon je n’ai pas de jacuzzi, pas de baignoire même, alors hein !…).

    Je travaillais, ô que l’imparfait est lourd de sens, à la fois douloureux et à la fois libérateur ; je travaillais donc, dans un refuge pour dragons. Autrefois il y en avait beaucoup dans le Nord et puis après tout personne ne connaît la Finlande, essayez de trouver des infos sur ce pays et vous verrez !

    …….De dragons, disais-je, alors qu’à la télé, soirée électorale, c’est très drôle, ils filment une candidate en train de parler mais sans le son parce que ce n’est pas encore l’heure légale d’annoncer quoi que ce soit, il n’est pas encore 20 heures. Ils n’ont pas le droit de dire quoi que ce soit, ça fait plus d’une heure qu’ils l’expliquent.

    Donc les gens qui lisent sur les lèvres sont privilégiés : faute ! Faute ! Procès. Hou ! Discrimination.

    …….De dragons, oui bien sûr, de gentils dragons abandonnés par des maîtres infâmes, d’autres plus sauvages du genre dragons des rues, d’autres encore recueillis à la mort de leur dragonnier, heu oui, je viens de finir le 3ème tome d’Eragon que je vous conseille vivement (de Christopher Pasolini)1. Pouvez-vous imaginer des dragons recueillis à la mort de vieilles dames, toutes menues, gentilles, et qui tricotaient des couvertures pour leurs petits animaux ? Oui vous pouvez ?

    Merci, vous m’enlevez une griffe du pied.

    Il y a des enclos, des chalets et quelques médhaures,ou kaninens, lesquels, vous n’êtes pas sans l’ignorer, cohabitent souvent avec les dragons, de bon gré ou non, ça se passe en général plutôt bien.

    Il y a un renne aussi qui a perdu sa mère récemment et auquel on a offert un animal de compagnie pour atténuer son chagrin, une brebis de Mongolie. Pourquoi pas ?.

    Je vous entends penser « Oui et pourquoi pas non plus une vache violette et des marmottes qui plient du papier alu » et je me demande ce qui peut bien vous laisser si dubitatifs d’un seul coup, si je lis trop, peut-être avez-vous trop vu de publicités….

    Il y a des lutines, normal on voisine tout de même avec le Père Noël, et ces lutines s’occupent, ou se sont occupées des animaux du refuge. Quand j’ai commencé à travailler il y avait comme lutines : Lutinune, Lutinedeux, Lutinetrois, Lutinequatre et je suis devenue Lutinecinq. Et Sainte Rita. Ah ! l’habitude au bout de quelques pages, non c’est Cruella , eh bien ! J’ai un croc agacé ce soir, on s’en tiendra à Rita.

    Je pourrais aussi bien l’appeler Plectrude (voir Amélie Nothomb) qu’elle ne se reconnaîtrait pas davantage dans aucune des protagonistes de cette histoire, persuadée qu’on ne pourrait pas trouver matière sur et autour d’elle au moindre grief.

    D’abord ce ne sont pas des griefs.

    Des faits, des ambiances.

    De tous petits riens.

    Des miettes de vie.

    Juste des particules de matière contaminée par l’habituel poison du mensonge, de la manipulation, du harcèlement.

    Subjectif ? Les blessés n’ont pas toujours une exacte mémoire, ou une exacte compréhension de ce qui les a blessés.

    Pardonnez-nous d’avance mon général mais nous ne souhaitons plus retourner à la guerre. Nous nous mobilisons sur un autre front. Un front de libération.

    Notre tâche consiste à emplir des bacs avec des sacs de croquettes de 15 à 17 kg, à nourrir les médhaures, les dragons, les rennes, la brebis de Mongolie (il y a eu aussi deux caprines cornues) à les abreuver, à faire le ménage, secouer les tissus, draps, couvertures, balayer, serpillier, laver les meubles, les étagères, les vitres, des tas de tables ,de chaises, de murs, les dragons ayant une nette propension à marquer leur territoire, à se moucher partout, à régurgiter nourriture et boules de poils.

    C’est un pays du Nord, ne l’oubliez pas, ils ont donc des poils, c’est comme ça qu’ils se protègent les écailles qui autrement pourraient se briser quand il gèle.

    Et Dieu sait s’il a gelé cet hiver ! Il fallait, après avoir cassé la glace, remplir les bacs à eau avec un arrosoir d’eau chaude,.

    Des litières à vider et nettoyer, etc, etc…

    Vous trouverez, quelque part, je ne sais pas encore où, un inventaire que j’ai établi un jour où j’en avais un peu assez, ainsi qu’une journée type cette année, où j’ai eu le droit de faire des heures supplémentaires. Mais pendant les dix huit mois précédents j’avais 5 heures pour boucler le tout, seule parce que les lutines ont été tour à tour démissionnées, virées ou poussées à bout. Rita me promettant une aide qui n’est jamais venue, bien qu'ayant, selon ses dire, moult CV d’Arlésiennes et autres Arlésiens...

    Légende quoi, conte venant de France, d’une région soumise au mistral.

    Ici, c’est le Lartsim qui souffle du Nord et il a tellement soufflé cet hiver que je n’aurais pas été étonnée d’avoir à nourrir quelques ours blancs.

    S’il ne soufflait pas et qu’il pleuvait, c’était encore plus éreintant de soulever les pieds bottés de boue, d’aller d’un chalet à l’autre et de se déchausser à chaque fois, dix fois, vingt fois, trente fois par jour pour ne pas maculer de terre rouge les sols blancs ou gris. Mais les jours de Lartsim, si la terre est sèche, les dragons ont la curieuse habitude de s’y rouler, sans doute pour atténuer l’électricité statique qui provoque des étincelles quand on les caresse, avant d’aller se coucher sur leur couette, bien au chaud, dans les chalets chauffés.

    Et là, je me demande si j’ai compté les radiateurs ?

    Cela a son importance quand on sait que Rita a une obsession, le trop chaud, le trop froid, le pas assez tiède, le trop cher quand elle reçoit des factures, et que, été comme hiver, c’est :

    « Va baisser les radiateurs »

    « As-tu augmenté le chauffage ? »

    « Ouvre les portes mais pas les fenêtres »

    «  Entre baille les fenêtres et ferme les portes « 

    « T’as bien fait des courants d’air partout ? »

    Et alors que je pars, des kilomètres dans les jambes, pieds fourbus et dos cassé …

    « Rends-moi service, va :

    ( au choix )

  2. touche 1 fermer portes et fenêtres

  3. touche 2 fermer les portes

  4. touche 3 fermer les fenêtres

  5. touche 4 ouvrir portes et fenêtres

  6. touche 5 juste la porte de l’infirmerie

  7. touche 6 augmenter ou réduire ou éteindre le chauffage

  8. j’ai toujours rêvé d’une touche 7 pour lui dire que les thermostats existent

  9. et d’une touche 8 pour qu’elle y aille elle-même !

  10. Dialogue surréaliste un matin d’automne 

    Je suis à l’infirmerie, elle surgit de nulle part d’un trot plein de furibonderie, la voix annonciatrice d’une colère prête à être à point.

    Elle dégoupille, vocalement certes, mais elle dégoupille néanmoins :

    «-Lutinecinq !

  11. -Oui? Bonjour Ste Rita.

  12. Comment as-tu ouvert cette porte ?

  13.  ?… Ben, comme d’habitude ?!

  14. Ouiiiii !!! (ultrason) J’en étais sûre ! Tu n’as pas vu qu’hier j’ai mis un radiateur !!

  15. Ben non, pas avant d’avoir ouvert la porte ! Je ne pouvais pas le savoir, si ? (j’aurais dû)

  16. Mais enfin, c’est l’infirmerie ici ! Les chats (elle est comme ça, à ne jamais pouvoir appeler un dragon un dragon) sont comme des bébés dans une crèche que tu exposes violemment au froid en ouvrant brusquement la porte, tu ne te rends pas compte, tu as un blouson, pas eux (ah bon ?), il faut entr’ouvrir la porte et te faufiler pour que l’air froid n’entre pas (ah, quand même ! J’apprends comment entrer dans un lieu clos par une porte, je m’étais toujours posée la question..)

  17. ...Silence confus de ma part. Je n’ose pas mentionner un tout petit détail à savoir que la porte ne joint pas, qu’il manque quelque chose comme trois à quatre centimètres, mais je me tais prudemment.

    Elle a sans doute expliqué à la chaleur qu’elle ne devait pas sortir.

     

  18. La suite au prochain numéro ou à la prochaine insomnie.

    Je dois aller au Pôle Emploi et ce serait ballot de manquer la permanence vu que je me suis réveillée à 4 heures, poursuivie par l’évocation stimulante de Rita imaginant et œuvrant en douce.

    Chez elle c’est ainsi, elle agit même avant de penser et trouve ça légitime puisque c’est une personne extravertie donc spontanée, voire explosive, elle aurait pu inventer l’énergie nucléaire, un jour elle va nous faire de l’auto combustion …

    Donc je pensais qu’elle ourdissait en tapinois un plan machiavélique pour ne pas me payer ce qu’elle me doit.

    Mais c’est vrai que jusqu'ici je n’ai pas encore fait le résumé de mon appel d’hier à la comptable que nous appellerons Tristabé, ce qui veut dire « Pas vraiment clean, voire même légèrement incompétente la fille » en Vieux Lapon.

    1Et ça m’inspire un peu trop peut-être !

     

karoshi en Japonais veut dire "mort subite au travail", en finois il n'y a pas de traduction...donc c'est un nom qu'on peut donner à un dragon mais n'y voyons aucune allusion!

karoshi en Japonais veut dire "mort subite au travail", en finois il n'y a pas de traduction...donc c'est un nom qu'on peut donner à un dragon mais n'y voyons aucune allusion!

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