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Chapitre 6 La nuit tous les dragons sont gris

Publié le par Ulisitaladu "tous droits réservés"

……..Mais le jour, il n’y a AUCUN dragons gris.

-« Montre-moi un dragon gris ! Ça n’existe pas ! Les tigrés ont des poils noir et blanc, ou noir et beige.

-« Ecailles de Tortue ? De quoi tu parles ? Les tricolores sont des Aquarelles, ou des Gribouilles. Si tu n’es pas précise dans la description je ne sais pas de quoi tu parles ! »

De dragons, Ste Rita, de dragons. Mais, manque de temps ( ?), de communication, en 36 mois, je n’ai jamais vraiment su le nom réel des animaux.

-« Celui-là ? Mais c’est mon Môzââârt ! « 

Le lendemain elle l’appelait Chopin ou Sibelius…

Six mois après avoir endormi (=euthanasié) un dragon elle me demandait :

-« Tu n’as pas vu la petite maman noire comme ça et comme ça ?

-Ah ! Cachou ?

-Oui !

-Tu l’as endormie l’année dernière.

-Ah bon. »

Jetez-moi la première pierre, j’ai aussi une mémoire de sauterelle pour certaines choses. Et d’éléphant, pour d’autres choses. Pas par rancune, non. A force d’expériences répétées j’ai fini par développer un septième sens. Le sixième sens je l’ai reçu in utéro et peut-être même avant ! Je sais pratiquement toujours quand quelqu’un ment, dissimule, manipule et me prend pour une andouille.

Ce qui me nuit, c’est une passion pour l’observation scientifique : comprendre l’être animal ou humain, poursuivre le cheminement de sa pensée, le pourquoi, le comment de ses actes, et ce qui m’amuse, souvent à mes dépends, c’est voir jusqu’où il peut aller. Attention je ne cherche pas à orienter malhonnêtement l’expérience !

Neutre et objective, scientifique et détachée, comme dans un état second, je suis témoin d

ce qui est en train de se passer. Je regarde, j’entends. Sans émotion particulière autre qu’une terreur glaciale lorsque quelqu’un est en train de me nuire, quelque chose est en train de me démolir et un ressenti physique très fort : "Sauve-toi ! Cours ! "

J’ai un idéal de vie sans doute utopique, je cherche ma tribu, ma famille, ma meute de loups sans dominant, sans dominé, des loups ou des bonobos ? Drôle dans le fond ce mot « dominé », en latin c’est le « maître » !!! Ça me laisse perplexe…

Et puis c’est intéressant de relever des défis, de combattre pacifiquement un adversaire à sa taille et puis la taille au-dessus à chaque fois qu’on survit, ce qui peut tenir lieu de victoire. Il se crée une sorte de complicité, d’estime mutuelle, une sorte de tendresse.

Le plus difficile, est de ne pas céder à l’instinct de survie, à la peur panique qui pousse à fuir à toute jambe.

Le corps n’aime pas les expériences scientifiques.

Il hurle de douleur et s’exprime à coup de crises d’urticaire géant, de trachéo-bronchites, laryngites, angines, toux déchirantes, oedèmes, torticolis, lumbagos, sciatiques, tendinites, sinusites, etc, sans parler des insomnies rebelles !

J’ai observé des douleurs dans certains os, les pieds notamment, qui se déforment et se dirigent vers la sortie, qui ne veulent plus aller en avant mais en arrière !

Etonnant non ?

Evidemment ça fait TRES MAL !

Mais j’ai remarqué que les manipulateurs font volontiers réparer leurs jouets.

Ste Rita, je l’en remercie, et Dieu la bénisse, lol, m’a spontanément offert des séances de chiropractie, allant même jusqu’à prendre elle-même le premier rendez-vous.

Il faut dire que je travaillais malgré une sciatique et un lumbago.

C’est ce qui est si déroutant avec ce genre de personnes : elles se montrent parfois plus attentionnées que nos proches et on a vraiment envie de croire que c’est sincère et tout simplement généreux !

Bien sûr qu’elle avait, aussi et surtout, besoin que je vienne travailler, une peur panique de se retrouver seule, de ne plus pouvoir aller se promener !

Bon, vu qu’en ce moment elle n’est pas encline à me payer ce qu’elle me doit vu « tout ce qu’elle a fait pour moi » et qu’elle a notamment, toujours spontanément , offert à mon autre véhicule (ma voiture, le premier étant my body) deux pneus et une batterie, je ferais peut-être mieux de fermer mon clapet !

Dernier mois travaillé : je lui ai donné le compte des heures supplémentaires effectuées, mois de mai avec plein de jours fériés travaillés (onze heures trente le Premier Mai !) et bêtement je lui dis avoir juste noté « pour mémoire » la majoration après la huitième heure prévue dans mon contrat « eu égard à sa générosité » pour avoir pris en charge mes factures-garage !

C’est sûr que ce n’est pas tombé sous les yeux d’une aveugle, ni dans l’oreille d’une sourde…

Enfin bref j’essaie juste d’être honnête. Je ne veux pas charger la mule.

Veuillez observer, vous qui me lisez et êtes toujours là parce que forcément ça vous rappelle quelqu’un ce portrait de Ste Rita, que ce n’est pas possible qu’une personne « sévisse » ainsi sans bénéficier de l’approbation tacite et inconsciente (?) de tout un groupe de personnes. Bien sûr elle charme, elle séduit, elle ment, elle gratifie, elle achète, elle punit, elle sanctionne, elle sévit, elle menace, elle promet, elle emberlificote son monde et montre ce que les autres veulent voir.

Il faut être au moins deux pour qu’il y ait mensonge.

Et les menteurs pathologiques ont ceci en commun qu’ils mentent TOUT LE TEMPS !

Par passion, par besoin, par accoutumance. Donc ils se trahissent forcément souvent parce qu’ils ne peuvent pas tout mémoriser, se souvenir à qui ils ont donné telle version, et à qui ils en ont donné une autre, par exemple.

Et puis surtout ils mentent sur des détails, sur des choses futiles.

Et ça pourrait quand même mettre la puce à l’oreille de bien des gens non ?

Eh bien : NON !

-« Oh ! Tu sais Luninequatre, heureusement que tu es venue à mon secours * que ferais-je sans toi, qui vint à ma rencontre, que serais-je sans toi que ce balbutiement, que cette heure arrêtée au cadran de la montre..* : Je n’ai plus d’eau chez moi ! J’ai dû prendre ma douche au chalet des dragons, ce n’est pas pratique, il y a plein de poils »

En entendant ça, j’ai dû taire ma propension maladive à rétablir La Justice et La Vérité ! Non en fait j’ai juste réprimé une envie de rire : je venais de m’occuper des dragons isolés, en quarantaine, qui squattent la pièce où est la douche, et il y avait c’est un fait, des poils de dragon, mais pas trace de douche récente ni même ancienne, je l’aurais remarqué car le bac de douche fuit.

Et puis, cet hiver où l’eau a gelée partout, sauf dans ce chalet, Ste Rita m’a demandé de la vider cette fameuse douche où étaient stockées des piles de journaux, je la lui ai même récurée à fond et préparé un lieu accueillant, réaction je pense spontanément féminine

Quoi « non » ? vous insinuez par soumission ? PAR FLAGORNERIE ! Meuh non ! Je suis une gentille par nature !

Enfin je l’étais encore à ce moment là, parce qu’aujourd’hui je ne sais plus !

Et après c’est sûr que des traces de douche il y en avait : une mare d’eau et des cheveux et autres « capillaires », et pas de dragon ceux-là !

Mensonges inutiles mais certainement pas innocents. Pour beaucoup je n’en ai pas encore eu le fin mot.

Finmot en finnois désigne ces heureux hasards où vous trouvez un beau jour la pièce du puzzle qui vous manquait alors que vous aviez fait le deuil du puzzle en question, avec un vague sentiment d’avoir été lésé quelque part. En vieux finnois c’est « tout fini toujours par se savoir »

-« Allô ?c’est moi. Ecoute je suis encore à Rovaniemi. Je dois faire les courses pour ma mère, l’emmener chez son podologue et euthanasier quelques uns de ses chats »

(Pardon elle dit « endormir »*Pom-popom* Dormez bien les petits ! Alors Nounours, ça c’est bien passé avec Pimprenelle et Nicolas ?)

Et quelques heures après la voilà, pimpante et visiblement coiffée de frais, le coffre de sa voiture débordant de courses diverses, d’où elle extirpe gentiment pour moi du nougat de Rovaniemi.

La Finlande est l’autre pays du nougat.

Bon là c’est un mauvais exemple.

A moins qu’elle ne me déduise le nougat de mes heures supplémentaires !

Qu’importe, il n’y a rien de tordu là-dedans non ? A moins d’une subtile manœuvre pour me clouer le bec. Oui, c’est ça ! Au cas où j’aurais eu des informations ou des questions au sujet du refuge, de mon planning, ou des messages de la part d’éventuels visiteurs. C’est comme si un chef d’entreprise (ce qu’elle est en fait) ne voulait jamais savoir ce qui se passait en son absence.

Elle préférait m’appeler le lendemain matin, pendant mon jour de repos, pour savoir où étaient, au choix, je ne vous refais pas le coup des touches 1.2.3..:

-la clé de sa maison

-le dragon Untel

-le filet à dragon

-les planètes dans l’univers

-le tombeau de Napoléon

-la notice d’entretien de la papamobile

-« Et pourquoi as-tu mis Ezo à l’infirmerie ? Elle n’a rien cette dragonne ! »

(Petite Ezo, elle t’a endormie peu après et tu as souffert pour rien)

-« Je ne voudrais pas te déranger, tu es en congé, mais justement la comptable vient de m’appeler (à 7h.55 sans doute ?) pour signaler que tu ne lui as pas communiqué tes récents jours de congés et que tu en as de toute façon déjà pris plus qu’il ne t’était dû. Rappelle-moi ! »

Eh ! Vous ne pensiez tout de même pas que je sautais du lit, impatiente de savoir ce qu’elle avait encore pu inventer pour me distraire de mes insomnies ?! J’avais pris le parti de ne plus décrocher le téléphone avant le milieu de matinée ! Un Dimanche qui plus  est! Enfin un Lundi qui était donc un Dimanche pour moi vu que je travaillais (je vous le rappelle calmement mais c’est la dernière fois !) pratiquement tous les dimanches et samedi aussi et jours fériés aussi. Vous répondez au téléphone, vous, le Premier Janvier, à huit heures du mat, pour votre travail  ?

-« Qu’as-tu fait des tissus propres des chiens ? Je ne les trouve pas et puisque c’est ça TU les changeras demain les tissus ! » (Là je développerai plus tard l’histoire des tissus des chiens, au chapitre « Pétage de plomb », quoique je ne l’appellerai peut-être pas comme ça c’est un peu familier non ?)

Je reprends au fil des mensonges…Un comportement très intéressant chez le menteur pathologique : le moment où il éprouve le besoin de vous dire la vérité. Remords, crise d’abstinence me direz-vous ? Notre menteur serait-il allé à une réunion des menteurs anonymes-addictifs-et-repentants ? Désolée, c’est non.

En général c’est pour vous nuire subtilement, pour vous plomber le moral.

« Vous qui entrez ici, perdez tout espoir » Dante. Et Ste Rita.

Un beau matin, 8h. Non je me trompe. C’est tellement plus simple avec un coup de fil. La veille donc, téléphone-maison :

-« Demain matin je partirai très tôt. Tu peux rester un peu après l’heure ? Vers 14 heures, promis je serai rentrée. »

Inutile donc que je prévoie un sandwich.

Inutile donc de faire une pause. J’en profite pour nettoyer à fond. Appel sur le portable :

-« J’arrive ! Je serai là à 15h. »

Je me fais un petit café soluble, vite fait, sur le pouce et embraye sur les soins aux dragons, quelques oreilles à traiter, des fourrures à démêler, ils muent en ce moment.

16 H. Rien, silence radio. Pas d’appel alors que je trimbale ce fichu portable, je ne supporte pas ça du tout mais j’ai fini par céder, à l’usure, surtout après qu’elle ait tenté la communication inter-refuge par talkie-walkie, c’est vrai que sur un bon hectare de terrain ça pouvait lui éviter de hurler, mais ce sont surtout les conversations des chasseurs que je captais très bien…Et argument suprême :

-« Et s’il m’arrive quelque chose, je fais comment pour te prévenir ? »

17h .J’appelle

-« Dites, les filles, vous pensez rentrer ? »

Elle est avec Benevoli.

J’ai envie de mordre alors je m’oblige à être guillerette. Je suis sur les genoux, j’ai faim, j’ai soif. En dix jours j’ai rempli mon contrat, fait mon nombre d’heures du mois, j’entame les heures supplémentaires. Je ne rêve que d’une chose à part rentrer : prendre deux jours de repos consécutifs !

C’était la messagerie. Ste Rita me rappelle, hilare :

-« Oh ! Lutinecinq! Tu ne devineras jamais où on est Benevoli et moi ! Tu vas rire !

-« …… »

(NON ! J’ai tout sauf envie de rire. Depuis 6h30 ce matin j’ai grignoté deux biscuits qui trainaient au fond de mon sac, elle a 3h de retard et je n’en peux plus de fatigue !!!)

-« Mais je te raconterai en rentrant ! Tu vas rire ! J’arrive ! »

Bof !

17H30 : Ouf ! Elle se gare. Je sors de l’enclos. Je me traîne littéralement, il fait très chaud.

-« Tu vas rire ! (Oh ce qu’elle m’énerve !) Alors voilà. Ce matin on était au local et puis on a eu comme un coup de pompe. Pas bien. Fatiguées.

-« Ah bon ! Ce doit être la chaleur, non ? J’ai comme un petit coup de mou moi aussi….

-« Ah mais tu vas rire !

(NON ! JE VEUX RENTRER CHEZ MOI !)

-« Donc on s’est dit : Tiens et si on allait à l’abbaye de Aiguevilaine ? Je souhaitais d’ailleurs y rencontrer un moine

-« …..(Ben voyons! Pourquoi pas en effet,)

-« Ah ! Ce qu’on est bien là-bas !. Tu devrais y aller, ça te ferait du bien, et puis c’est pas loin !

-« …(Meuhhh non c’est pas loin !. A deux heures de route j’imagine, vu le temps qu’il leur a fallu pour rentrer !!!)

-« Donc tu vas rire !

-« …..(ELLE M’ENERVE ! NON JE NE VAIS PAS RIRE ! Au secours retiens-moi Madeleine !)

-« Eh bien figure-toi qu’on a failli s’y endormir tellement c’est serein, calme, frais…On a attendu Frère Bidule. Et puis quand même Benevoli et moi on s’est dit qu’il fallait rentrer.

-« …(Ah ben quand même !)

-« Et c’est là que tu vas rire….

-« …(Non, décidément ça ne vient pas. Je grimace, pour rester courtoise, un sourire sans doute douloureux.)

-« Eh bien on s’est perdues ! L’habitude sans doute, je me suis retrouvée à Rovamieni ! Tu le crois !!!

-« …(pppffffou !!!Je m’en fiche un peu….)

-« Qu’est-ce qu’on a ri tout le long de la route, en rentrant !!

-« …(Ouais ! Kérouac à coté c’est Martine à la campagne ! Mais, attends ! Elle a dit « rentrant !? »)

-« Voilà, j’ai déposé Benevoli et me voici ! Mais on t’a ramené des bonnes choses. Benevoli a pensé à toi ! »

(C’est vrai que Benevoli pense toujours à moi, gentiment, et si Ste Rita n’a pas tout mangé en cours de route, j’aime bien ses petites attentions.)

-« OH ! Du nougat ! (mais d’Aiguevilaine!)

-« Par contre tu prévois la journée entière pour après-demain !

-« …(Que c’est aimable de sa part de prévenir !) D’accord, pas de problème. »

Aucune raillerie dans la voix. Fatiguée c’est tout. Et soulagée.

Rentrer !

Maison ! Maison !

 

 

 

kaninen essayant de dérober un croûton aux chèvres de Mongolie

kaninen essayant de dérober un croûton aux chèvres de Mongolie

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C
Expérience douloureuse et complexe... mais si drôlement racontée...! Quelle imagination et quel humour, encore ! ^^
Répondre
U
Merci Catimini! <br /> Heureusement ce genre de situation ne se rencontre jamais dans la réalité...!<br /> Bon, le chapitre suivant est envoyé, il suffit de demander!